Arrivée aux Jardins de Cocagne en 2021, il est plus que temps de vous présenter Aurélie
Aurélie Rochette, je suis encadrante technique aux Jardins de Cocagne de Mâcon et maman de 3 enfants. Cela fait 2 ans que je suis arrivée aux Jardins, d’abord à mi-temps et à temps complet selon les périodes et j’ai été embauchée en CDI à temps complet plus récemment.
Vous avez peut-être remarqué que je me suis présentée comme encadrante technique et non comme maraîcher-encadrant. Même si mon rôle est le même que les maraîchers-encadrants aux Jardins de Cocagne, cela me permet de mettre en avant que ce métier peut être fait dans d’autres contextes que le maraîchage avec des salariés en insertion, par exemple en maçonnerie.
Ma responsabilité est plutôt tournée sur les marchés puisque je m’occupe du marché Lamartine, le samedi matin à Mâcon, et des marchés adhérents les mardi et vendredi aux Jardins de Cocagne. Mes horaires sont donc adaptés par rapports aux autres maraîchers-encadrants puisque je ne travaille pas le lundi. Je m’occupe aussi des commandes de légumes, notamment celles de restaurateurs qui prennent nos produits. Bien sûr, dans les périodes de forte activité, j’aide mes collègues quand il faut planter les légumes, par exemple.
L’activité de ventes des légumes des Jardins aux restaurateurs est peut-être moins connue que les paniers des adhérents. Nous fournissons des restaurants comme La Dama à Mâcon, le restaurant de David et Marion qui nous prennent chaque semaine des légumes ou le Golf de la commanderie à Crottet dans l’Ain. Certaines cantines nous ont aussi déjà commandé occasionnellement des légumes. La particularité de l’offre aux professionnels de la restauration c’est de veiller à ce que les légumes soient beaux et homogènes dans leur présentation parce que cela se retrouve dans l’assiette du restaurant. Cela ne veut, bien sûr, pas dire que les légumes des marchés ou des paniers soient de mauvaise qualité, mais ils sont souvent plus hétérogènes dans leur taille, par exemple, ou leur apparence extérieure.
Mon parcours professionnel au sein du maraîchage est issu d’une reconversion. A l’origine, j’ai un master professionnel en hydro-biologie, c’est à dire pour travailler sur les lacs, les rivières, et analyser la santé des milieux humides. Malheureusement, sans diplôme d’ingénieur, même avec un bac+5, il m’a été difficile de trouver du travail et j’ai trouvé un emploi d’ouvrière dans une usine de maroquinerie où j’ai gravi les échelons jusqu’à faire un travail de bureau mais ce travail ne me correspondait pas et j’ai voulu revenir à un travail plus proche de la nature. Aujourd’hui, le travail d’hydro-biologiste est devenu un travail très technique, soit sur le terrain pour faire les relevés mais sans avoir le suivi du résultat, soit dans les bureaux pour faire les analyses, ce qui ne me convenait pas car je voulais pouvoir suivre l’analyse de bout en bout. J’ai alors pris contact avec des maraîchers bio qui habitaient près de chez moi et qui m’ont donné envie de continuer dans cette direction. J’ai donc passé un BPREA (Brevet Professionnel de Responsable d’Entreprise Agricole) à distance en 2021, et, malgré la période de COVID, j’ai pu faire les stages qui se sont très bien passés et j’ai donc intégré les Jardins de Cocagne en 2021.
Ce qui est formidable ici aux Jardins, c’est la bonne entente dans l’équipe, que ce soit avec les autres encadrants et également avec l’équipe administrative. L’autre aspect qui me motive, c’est le travail avec les salariés en insertion, qui n’est pas un public habituel mais avec lequel c’est encourageant de pouvoir travailler, résoudre leurs difficultés, même personnelles et de les faire avancer dans leur vie. On peut prendre le temps de discuter avec eux, car nous ne sommes pas soumis à un impératif de production à tout prix.
Notre travail avec les salariés en insertion commence le matin avec le tableau qui liste toutes les tâches de la journée et les salariés qui vont les faire. Cela permet que chaque personne sache où elle va travailler en arrivant le matin. On leur explique ce qu’il y a faire sur la tâche, sur quelle planche travailler, éventuellement comment s’organiser à plusieurs. Ils sont ensuite autonomes sur la tâche. Nous venons régulièrement les voir pour vérifier que tout se passe bien et résoudre les petites difficultés qui peuvent se présenter.
Pour la préparation des paniers ,dont je m’occupe aussi, les récoltes ont été préparées à l’avance et les salariés en insertion, en fonction du contenu du panier qui a été défini, vont chercher les légumes, les pèsent et préparent le panier de chaque adhérent. Cette tâche implique de savoir lire, compter et, pour certains salariés, cela leur permet de progresser.
J’ai envie d’insister sur notre rôle, aux Jardins de Cocagne, de « passerelle » entre des personnes qui, au départ, sont en difficulté parce qu’elles ne trouvent pas de travail et des personnes qui vont ensuite avoir un travail concret. Nous sommes là pour les aider à s’insérer, à réapprendre les codes, à réapprendre à travailler, à reprendre un rythme régulier. Quelqu’un qui n’a pas travaillé depuis deux ans, par exemple, a beaucoup de mal à trouver un travail. On pense souvent que travailler en usine c’est travailler dans son coin, que c’est un travail « bête » et répétitif, mais ce n’est pas vrai. Au contraire ! Nous essayons de recréer la partie relationnelle et sociale du travail pour qu’ils puissent réintégrer le monde du travail. Notre rôle est d’être disponibles plutôt que directifs.
Pour conclure, je voudrai souligner l’importance qu’ont chacun de nos adhérents, et plus généralement, toutes les personnes qui viennent acheter nos produits sur le marché Lamartine. C’est une formidable action qui nous permet d’avoir une activité et d’aider un grand nombre de personnes. Ce n’est pas simplement une question de légumes, même s’ils sont bios, mais d’action envers des personnes. Merci à tous ceux qui nous permettent de le faire.