Pour moi, les Jardins sont une belle aventure à laquelle j’ai eu le privilège de participer depuis sa création, sa genèse. Je faisais partie du groupe qui, dans les années 1995, travaillait à une préfiguration, de ce qui allait devenir les Jardins de Cocagne. L’association a vu le jour en 1997 et, j’ai été adhérent tout de suite, dès la création.

 Aujourd’hui j’assure la Présidence de l’association mais je tiens à préciser que je ne suis que le représentant du Conseil d’Administration, dans le cadre d’une gouvernance collégiale, ceci est la seule légitimité de mon mandat. Le président est effectivement le représentant de l’association dans ses démarches juridiques, de représentation, mais nous avons souhaité mettre en place un fonctionnement, aux Jardins, qui s’appuie sur la collégialité, et c’est une véritable richesse car nous sommes aux fondements même de la vie associative.

Nous allons bientôt fêter nos 20 ans. C’est un véritable plaisir d’être un des membres de la gouvernance de cette association avec cette fonction de présidence et j’en suis plutôt ravi car aujourd’hui les Jardins vont plutôt bien. Il y a eu des années de bouleversements, de déplacement, de déménagement, voire de turbulences, mais nous avons aujourd’hui atteint un seuil de stabilité même si nous savons pertinemment que la vie des Jardins n’est jamais un long fleuve tranquille et qu’il y aura toujours des péripéties, des aventures, mais aujourd’hui nous sommes plutôt dans une situation positive

C’est toujours un exercice compliqué que de définir en quelques mots un dispositif, qui est complexe dans son organisation, mais je dirais qu’il y a des mots clés incontournables. La Solidarité d’abord, car nous sommes dans une structure où la notion de solidarité et d’humanité est prégnante. « Vous avez besoin de légumes, ils ont besoin de travail, ensemble cultivons la solidarité », ceci est fondamental. Et puis nous sommes une véritable entreprise à dimension humaine. Une véritable entreprise qui aujourd’hui produit dans des conditions professionnelles, des légumes de qualité. Nous contribuons ainsi au développement et à la sensibilisation à l’alimentation saine, ainsi qu’aux circuits courts de distribution, autant de valeurs qui aujourd’hui font largement écho à toutes les problématiques auxquelles nous sommes confrontés et qui sont de vrais sujets de société.

Nous nous revendiquons  aujourd’hui en tant qu’acteur économique du territoire de par la taille de nos espaces cultivés, (8 hectares), de par la production (65tonnes en 2016), de par les moyens techniques que nous mettons  en œuvre, de par les personnels d’encadrement qui sont de véritables professionnels du maraichage. Nous sommes aujourd’hui véritablement passés à une dimension d’entreprise sans pour autant perdre nos valeurs fondamentales qui sont celles de l’accompagnement, de la dimension humaine et la dimension associative. C’est certainement ce qui a le plus changé en 20 ans. Et c’est cette évolution qui nous permet aujourd’hui d’assurer notre pérennité.

Il y a 20 ans nous étions les seuls sur le territoire à être dans un système de distribution en circuit court, nous étions vraiment parmi les très rares producteurs maraîchers bio  sur le secteur. Depuis les choses ont évolué. C’est aussi s’inscrire complétement dans ce mouvement de prise de conscience, même si il n’est encore pas suffisant, de la nécessaire alternative à une agriculture intensive, à du productivisme à tout prix .Nous sommes des contributeurs de cette mutation, et c’est tant mieux.

Un de mes souhaits pour l’avenir  serait de continuer à faire la promotion des bienfaits d’une alimentation saine et de proximité, car cela fait partie des enjeux de notre société. Faire passer cette information-là, être dans un travail d’explication, voilà une des missions des Jardins de Cocagne qu’il sera nécessaire d’intensifier dans les années à venir.

Dans les projets, j’aimerais que nous arrivions à développer une plus grande diversité de production, comme la production fruitière bio. Nous allons notamment implanter un nouveau verger très prochainement.

Pour conclure, je crois que nous pouvons affirmer que les Jardins sont une belle  aventure collective en mouvement. Il nous faut l’enrichir de projets nouveaux, de productions nouvelles mais aussi de toute la dimension humaine pour que chacun ici puisse se sentir bien à sa place. Que chaque salarié qui vienne travailler mesure l’importance de sa mission. Qu’il puisse se dire que son travail est reconnu et qu’il appartient à un collectif, une véritable équipe, qu’il a un véritable rôle social dans la société, comme tout salarié d’entreprise. Mais son passage aux jardins ne sera que temporaire car il va assurément retrouver  le chemin de l’emploi durable ! Utopie !! Vous avez dit utopie ? N’est-ce pas cela qui nous anime et donne du sens à toutes nos actions !!!

 

Alain Sève, président de l’Association des Jardins de Cocagne de Mâcon