Jean-François, chef de culture des Jardins de Cocagne, nous parle de l’actualité des maraîchers en ces mois de Novembre et Décembre. Récolte des légumes d’hiver, en plein champ et sous serres, plantation d’une vigne de raisin de table, travaux d’entretien des vignes et gestion de la biodiversité, sont autant de sujets qui font le quotidien des maraîchers et des salariés en cette période de l’année.
Actuellement, nous faisons la récolte des légumes-racines, navets, radis noirs, céleri, carottes. Les carottes sont récoltées en dernier, car, comme elles sont en terre, elles risquent moins le gel. Le panais reste tout l’hiver en terre, ainsi que certains choux frisés.
Nous faisons aussi la récolte des cardons. C’est un légume un peu spécial car on les propose essentiellement en bocaux. En effet, nous les faisons cuire à l’eau et ils sont mis en conserve prêts à être cuisinés. On va tout de même en garder une partie pour les vendre frais, car cette année nous en avons suffisamment.
Il y a aussi beaucoup de choux. Les choux, ça pousse sur une tige, en hauteur. Au début, les feuilles sont toutes ouvertes puis se referment petit à petit. Les choux ronds sont récoltés avant la fleur, car, si on attend, au milieu des feuilles, au cœur, il y a une fleur qui sort. En revanche, pour le choux fleur, le brocoli ou le chou romanesco, ce qu’on mange, c’est l’équivalent de la fleur.
Il y a une sorte de choux, assez rigolo, qu’on appelle spoutnik, c’est le choux rave. Il y a en a des gros ou des petits. C’est délicieux en salade, cru, ils sont assez juteux, c’est frais, très frais. On les prépare râpés, ils n’ont pas un goût de chou trop prononcé.
Les choux verts, nous les avons semés en juin et on les récolte en octobre/novembre. Le plus long, c’est le céleri, on les sème en février/mars et on les récolte au mois de novembre/décembre. Entre les 2, désherbage, buttage au mois de septembre, pour les faire blanchir et aussi contre le gel.
Dans les serres, fin novembre, nous avons les carottes qu’on récoltera au mois de mars/avril. On a aussi repiqué les cotes de bettes pour le mois de février.
Sinon, toujours dans les serres, il y a de la mâche (4 serres), de la salade (scarole, frisée, batavia, 3 serres). Il y a aussi 1 serre et demi d’herbes aromatiques (persil, roquette, pourpier d’hiver, coriandre), 1 serre de carottes et 1 serres d’épinard pour le mois de mars/avril. Les autres serres sont en attente pour l’année prochaine. A partir de mi-janvier, environ, on plantera des oignons blancs, les premiers radis, puis ensuite, on poursuit le cycle, avec les carottes, pommes de terres, haricots, courgettes, navets, tomates.
Une nouveauté que l’on vient de planter, c’est la vigne. Il y a 40 pieds, 30 de perles de Csaba, un raisin de table blanc, et 10 pieds d’un raisin rouge clair. Ils devraient produire dès l’année prochaine. Avec cette quantité, on devrait en avoir pour remplir tous les paniers avec une belle grappe au moins une fois. Les pieds sont très beaux et déjà très hauts puisqu’ils font presque 2 mètres. Bien qu’élevés très proprement, les raisins seront encore en conversion bio cette année. Pour la petite histoire, il faudra qu’on les protège avec des filets pour éviter que les oiseaux viennent se servir.
Un petit mot sur la vigne, car c’est aussi notre actualité de cette période. Tous les jours, nous avons une équipe de salariés qui travaillent dans les vignes avec Patrick pour plusieurs viticulteurs. Depuis quelques années, nous faisons le tirage et le curage des bois.
Pour le tirage, la vigne a déjà été taillée par le vigneron et on tire sur le bois, c’est à dire qu’on enlève le bois du sarment qui a juste été coupé durant la taille. On le met ensuite en andains entre les rangs ou on le brule, cela dépend des vignerons.
Il faut se rendre compte que la vigne s’enroule autour du fil quand elle pousse et donc de l’effort que cela représente de la retirer. C’est vraiment physique.
Le curage, c’est un geste particulier à apprendre et, donc, une nouvelle compétence pour les salariés. Cela permet aussi d’alterner le travail très physique du tirage avec un geste moins physique de coupe. Et, donc, de varier l’effort. Il s’agit de couper sur la partie restante de la vigne les bourgeons qui ne seront pas gardés.
Sur l’année, nous faisons environ 20 hectares de vignes pour plusieurs viticulteurs. Ça se déroule du 15 novembre au 15 mars environ. Comme c’est une période où il y a moins de travail aux Jardins, ça permet d’occuper les salariés et, au-delà de l’aspect physique, c’est un travail agréable, on change de cadre, on est dehors, il y a de jolis paysages. C’est aussi très calme, car il n’y a vraiment personne. On observe mieux la nature. Et puis, il y a un effet de groupe à travailler ensemble à l’extérieur, tous les jours.
Un dernier point, puisque nous parlons de nature, nous avons installé des poteaux à buses. Ce sont de gros piquets qui font un genre de perchoir où la buse vient se poser et ça lui permet de chasser les petits mulots. Nous en avons, pour l’instant, mis 3. Et, ça fonctionne. Il y avait une buse installée qui s’est envolée quand je suis passé un matin en arrivant. Ça a un effet écologique certain. En plus, on peut espérer qu’il y aura un couple qui va s’installer. Ça va générer de la bio-diversité : pour les buses, il y a tout ce qu’il faut, il y a à manger et nous, ça nous est utile. On va probablement en installer d’autres car nous avons de la surface.
Nous avons aussi coupé la haie car elle commençait à dépasser et on a fait des tas avec les branches. Ça devrait permettre à des hérissons de s’installer. Et, les hérissons, ça mange les limaces !
Il y aurait beaucoup d’autres choses à dire, mais gardons cela pour une prochaine lettre d’information…