Accompagner les salariés en insertion professionnelle, un travail au quotidien en relation avec les salariés, les entreprises et l’équipe des Jardins.

Retour sur l’année 2017

Pour commencer, peut-être, un retour sur l’année 2017 où nous avons eu de bons résultats en termes de sorties vers des emplois ou  des formations qualifiantes pour nos salariés en contrat d’insertion.

Détail des sorties
  • 3 personnes sur des contrats longs (dénommés « emplois durables » *) dont 1 CDI sur un poste de nettoyage en milieu industriel, 1 CDD de 12 mois pour un poste d’aide cuisine qui va se transformer prochainement en CDI et 1 sur un poste de conducteur d’engins (contrats intérimaires de + de 6 mois).
  • 2 vers un emploi dit « de transition » *
  • 10 personnes sont sorties pour entrer sur des formations qualifiantes ou pré qualifiantes
  • 1 personne a suivi une formation de surveillant de nuit, eu son diplôme et obtenu un emploi en CDI
  • 1 personne en formation d’agent de sécurité a eu son diplôme puis a effectué plusieurs missions et devrait avoir prochainement un CDI dans une grande surface de Mâcon
  • 2 personnes sont entrées sur la formation qualifiante « taille de la vigne » avec le CFPPA de Davayé.
  • 1 personne a fait une Période Opérationnelle en Entreprise Collective (POEC) sur un poste d’aide à domicile et est entrée en formation qualifiante avec le GRETA au début du mois de décembre 2017. A l’issue de cette formation, elle devrait obtenir un CDI.
  • 4 sont sortis en octobre pour participer à une action collective de formation préalable au recrutement sur des postes d’agents de découpe en volaille. Formation qui doit être suivie de CDD de + de 6 mois ou de CDI.
  • 1 est entrée en formation pré qualifiante sur le Dispositif d’Accès à la Qualification DAQ) avec comme objectif de poursuivre en formation Qualifiante de vendeur.

Ce sont en tout 16 personnes qui sont sorties « positivement » sur les 18 qui nous ont quittés en 2017.Nous avons donc obtenu un bon taux de sorties positives*, puisqu’au 31/12/2017 il serait de 88.89% (sous réserve de la confirmation de certains CDD).

C’est un résultat tout à fait exceptionnel. Nous nous étions en effet engagés vis-à-vis de l’Etat et de Pôle emploi à obtenir un taux de 56%.

Nous ne savons pas si nous pourrons obtenir un tel taux dans l’avenir ! Nous visons prudemment 60% de sorties positives en 2018.

Le taux de sortie dépend, en effet, beaucoup du profil et de la motivation des personnes que nous embauchons ainsi que du contexte de l’emploi sur notre territoire.

Nous nous réjouissons de ce résultat qui est à la fois le fruit de l’implication des salariés en insertion dans leurs parcours de retour à l’emploi mais aussi du travail d’accompagnement que nous menons avec l’ensemble de l’équipe des salariés permanents.

 

Relation avec les entreprises

Nous sommes également parvenus en 2017 à démarcher des entreprises qui ne nous connaissaient pas. C’est important car cela permet d’obtenir ce que nous appelons « des immersions ». Pour préciser, ce sont des périodes de 2 semaines (en général), durant lesquelles les salariés sont en stage dans une entreprise et expérimentent le métier qu’ils envisagent dans le cadre de leur projet professionnel. Globalement, nous avons réalisé moins d’immersions qu’en 2016, mais nous avons eu plus de salariés ayant réalisé des CDD (période pendant lesquelles on peut suspendre le Contrat CDDI de la personne qui le reprend à son retour).

Les immersions effectuées se sont avérées plutôt positives. Par exemple, l’une d’elle a débouché sur un CDI et d’autres ont permis de valider des projets de formation.

 

La complexité du recrutement

Une nouvelle préoccupation est apparue en 2017 avec le changement des critères de financement du Conseil Départemental qui a limité à 50% le nombre de bénéficiaires du RSA socle * (BRSA) dans les ateliers Chantiers d’Insertion afin de permettre plus de mixité sociale. Nous étions à 94 % de ce type de bénéficiaires fin 2016 et avons dû rééquilibrer ce chiffre à la baisse. De ce fait, nous avons eu plus de difficultés à recruter. Ces nouvelles données ainsi que le nombre très important de sorties positives de la fin d’année 2017, nous amènent, en début 2018, à une présence de uniquement 20 salariés en insertion au lieu de 30. En conséquence, l’activité de production, de commercialisation et de tirage de bois dans les vignes sont très tendus et souffrent de ce manque de personnel.

L’année dernière, nous avons réalisé 12 réunions d’informations collectives de recrutement (destinées à présenter les Jardins aux futurs candidats) et 2 informations individuelles, suivies des entretiens d’embauche. Pour mémoire, il n’y avait eu que 8 informations collectives en 2016. Cela représente donc un travail plus important en amont pour préparation des dossiers mais aussi en aval pour rencontrer les candidats et étudier leur éligibilité.

En complément de cette moitié des effectifs bénéficiaires du RSA socle, les autres publics sont les personnes recevant l’Allocation de Retour à l’Emploi, l’Allocation de Solidarité Spécifique ou encore sans ressources. Cependant, il nous faut également prendre en compte d’autres composantes pour que la candidature puisse être recevable qui sont celles de : Chômage de Longue Durée, résidence dans les Quartiers Prioritaire de la politique de la Ville, Reconnaissance de Travail Handicapé, jeunes sans qualification, familles monoparentales etc… Il n’est cependant pas toujours aisé de combiner l’ensemble de ces critères dont l’objectif est de mixer les publics et d’éviter que certaines populations soient laissées de côté des dispositifs d’insertion par l’activité économique (IAE).

 

Une intense activité de recrutement en ce début de 2018

En ce début d’année 2018, une grande partie de mon activité d’Animatrice Socio-Professionnelle est dirigée vers le recrutement pour les raisons de sous-effectif que je viens d’indiquer.

Nous avons actuellement 5 ou 6 personnes pressenties que je dois rencontrer sur les 10 dont nous avons besoin. Nous recherchons, bien évidemment, des personnes qui ont été durablement éloignées d’un emploi, qui sont d’accord pour s’investir sur un projet socio-professionnel, et qui n’ont pas de difficultés de santé pour réaliser les activités de maraîchage. Il arrive en effet assez fréquemment que je reçoive en information collective de recrutement des candidats qui souffrent de certaines pathologies comme des hernies discales, de l’arthrose, des problèmes de dos ou articulaires qui ne sont pas compatibles avec l’activité de maraichage Ce sont bien sur des informations médicales confidentielles, qui ne pourront être discutées que lors de l’entretien individuel. C’est alors regrettable pour la personne qui a le sentiment de s’être déplacée pour rien et qui se retrouve ainsi devant une forme d’échec parce qu’on ne peut pas prendre en compte sa candidature. Par contre, rien n’exclut qu’une personne, dont le dossier indique qu’elle est en situation de handicap, fasse des activités de maraîchage, cela dépend vraiment de la nature du handicap.

Sinon, j’espère que nous aurons à nouveau de bonnes nouvelles pour les salariés, puisque nous avons 3 salariés qui vont partir ou sont déjà partis en immersion. L’une de ces immersion, qui aura lieu au Lycée Agricole de Tournus, permettra à notre salariée de valider son projet d’entrer formation « BPREA * Maraîchage Plantes Aromatiques et Médicinales ». Une des difficultés, c’est que la formation se déroulera ensuite dans le Jura et que la personne ne peut pas prendre le risque de perdre son logement pendant la durée de la formation puisqu’elle ne pourra pas payer simultanément 2 loyers. Je suis donc en train de monter un CIF CDD * qui prendra en charge le coût de la formation, l’hébergement, le transport et la nourriture. C’est un bon outil quand les salariés peuvent en bénéficier mais ce n’est hélas pas le cas pour la majorité de nos salariés.

Une autre personne est déjà en immersion au Drive  Leclerc car elle a un projet métier en tant que préparatrice de commandes. Là aussi, nous avons utilisé les heures disponibles sur son Compte Individuel de Formation (CPF) complété par le FAFSEA * ce qui permet de prendre en charge le financement du coût de la formation et le coût de l’absence du salarié au sein des Jardins.

Enfin, nous avons rendez-vous dans l’entreprise Aubade pour un salarié, qui a un diplôme de plombier mais qui veut changer de métier et souhaite aller vers le magasinage. Nous espérons qu’il pourra transférer ses connaissances dans le cadre de cette entreprise, grossistes en matériel pour le bâtiment.

Un tour d’horizon peut-être un peu technique mais qui illustre une activité essentielle de ce que nous faisons aux Jardins de Cocagne : permettre aux salariés en insertion de construire un projet professionnel et les accompagner pour le réaliser dans les meilleures conditions.

 

Véronique,
Animatrice Socio-Professionnelle

 

Quelques explications sur les acronymes et le vocabulaire technique de l’insertion

 

* emplois durables = CDD ou CDI sans aide publique à l’emploi d’une durée de 6 mois et +

* emploi de transition (CCD  ou contrat intérimaire sans aide publique à l’emploi d’une durée de moins de 6 mois)

* sorties positives = emplois durables+ emploi de transition + formations qualifiantes et pré qualifiantes

* RSA Socle : RSA attribué sous conditions aux personnes sans aucuns revenus, contrairement au RSA activité qui vient compléter les revenus d’une personne qui a une activité réduite

* BPREA : Brevet Professionnel en Agriculture

* CIF CDD= Congé Individuel de Formation Contrat à Durée Déterminée. Les critères pour en bénéficier sont : avoir travaillé 24 mois au cours de 5 dernières années hors CDD de façon consécutive ou non, dans la règle générale, et pour le personnel agricole, il faut avoir travaillé 4 mois en CDD

* FAFSEA = organisme collecteur du fonds pour la formation des salariés agricoles