Les Luminaires et les Jardins, un partenariat qui permet la rencontre et l’épanouissement de tous.
Le Foyer des Luminaires
Le Foyer des Luminaires, c’est un foyer de vie pour adultes en situation de handicap, il est situé à Charnay et fait partie de la Résidence Départementale d’Accueil et de Soins dont l’administration est à Mâcon, et qui propose aussi un FAM (Foyer d’Accueil Médicalisé), une maison de retraite, un pôle Alzheimer, et une maison de retraite adaptée pour adultes handicapés.
La plupart des résidents sont en hébergement permanent, c’est-à-dire qu’ils sont accompagnés au quotidien, mais il y a aussi une dizaine de personnes qui sont à l’accueil de jour, et qui rentrent en famille tous les soirs. Cela représente une centaine de résidents, actuellement, sur le foyer de vie. Parallèlement, à l’hébergement, il y a une équipe d’animation, qui propose des ateliers autour des compétences des animateurs. Pour ma part, mes compétences propres, c’est la nature, le végétal et je propose des activités autour de ces thématiques : la balade, le maraîchage, l’horticulture. Nous avons pour l’horticulture une petite structure vitrée où nous faisons des activités d’horticulture. Nous allons un après-midi par semaine aux serres municipales de Mâcon grâce à un partenariat similaire à celui que nous avons avec les Jardins de Cocagne. D’autres collègues proposent des activités autour des aspects artistiques, des activités corporelles, du sport, etc, …
Les Luminaires aux Jardins
D’habitude, ici, aux Jardins, nous sommes une équipe d’environ 4 personnes. En 2017, nous venions les lundi, mardi, jeudi, vendredi. Cette année, nous ne viendrons que les mardis et vendredis. On s’adapte à la demande des résidents et à leurs capacités. Les résidents sont moins adeptes de maraîchage que dans le passé. Alors, je fais évoluer mon atelier pour proposer des choses plus ludiques sur le site du Foyer des Luminaires.
Nous arrivons aux Jardins vers 9h30, faisons une petite pose à 10h30 pour boire le café, et puis nous reprenons notre activité et nous nous arrêtons à 11h30 pour prendre notre repas qui a été préparé par l’institution et nous mangeons ici. C’est un des grands plaisirs des résidents de pouvoir manger ici, et de manger dans un environnement différent.
Aux Jardins, nous faisons différentes choses. Aujourd’hui, nous trions des oignons. Nous enlevons ce qui n’est pas bon et nous gardons ce qui est bon pour les paniers des adhérents. Cela diminue la charge de travail à faire par les Jardins. Nous préparons le travail des Jardiniers. Il nous arrive aussi de désherber, soit sur du désherbage très minutieux, ou pour les allées. Il nous arrive aussi de participer aux semis lorsque ce sont de grosses graines, de faire des repiquages en serres à plants. Les résidents apprécient les manipulations fines qui ne demandent pas de force physique. Nous nous sommes aussi occupés des plates-bandes fleuries et des plates-bandes aromatiques. Une année, nous avions pris en charge les aromatiques depuis la bouture, jusqu’à la plantation. Bien sûr, les maraîchers et les salariés sont là pour faire le travail physique, tel le travail du sol, et nous, nous gèrons le désherbage, la récolte avant la mise en panier. Les fleurs sont aussi appréciées.
L’idée avec ces productions plus ciblées, c’est de mettre en évidence ce que les résidents des Luminaires sont en capacité de faire aux Jardins de Cocagne. Notre prochain projet, c’est de fleurir la nouvelle clôture.
La socialisation des résidents
Les ateliers sont proposés autour de l’idée de socialisation, de la valorisation de chaque personne. Les résidents sont très fiers de venir ici, d’aider, d’être reconnus par des personnes extérieures qu’ils vont rencontrer. C’est important pour eux.
Bien sûr, ils sont toujours accompagnés sur leur temps d’activités.
N’allez pas croire qu’il s’agit juste d’occuper les résidents. C’est un vrai travail de socialisation, de créer de moments précis dans le temps où ils vont faire quelque chose, où ils vont rencontrer d’autres personnes, c’est équilibrant. Véritablement, le but n’est pas de viser un résultat, mais de construire des moments de socialisation et des repères temporels avec eux.
Le foyer accueille des gens à partir de 18 ans. Auparavant, ils partaient à 60 ans, au moment du départ à la retraite, mais ce n’est plus le cas. C’est leur lieu de vie et ils partent quand ils ont le désir d’aller ailleurs. Le jeudi matin, ici aux Jardins, nous avons un monsieur de 74 ans qui vient. Bien sûr, en tant qu’animatrice, j’adapte les activités, en fonction du résident, de son âge, de son projet de vie. Pour certaines personnes, par exemple, un jeune qui arrive et dont le projet serait d’aller en ESAT, (Etablissement et Service d’Aide par le Travail), je ne vais pas avoir la même exigence que pour un monsieur âgé. Je m’adapte à chaque personne, de façon à faire sortir le meilleur de chaque personne.
L’accompagnement des résidents
De formation, je suis monitrice d’atelier et je viens d’être diplômée Monitrice-éducatrice. Au sein de l’équipe, il y a différents corps de métiers comme les animateurs sportifs ou les Aides-Médicaux-Psychologiques (AMP) qui prennent en charge les ateliers en fonction de leurs goûts personnels.
L’accompagnement a beaucoup évolué depuis 10 ans. Par exemple, nous ne parlons plus de travail à un résident lorsqu’il part en activité. Nous travaillons plus sur les capacités de chacun et sur la singularité de chaque personne. L’accompagnement est réellement individualisé. Ce n’est pas le résident qui doit s’adapter à l’atelier. Si le résident a envie de venir à l’atelier, c’est à nous de trouver des solutions pour adapter l’atelier à ce résident. Par exemple, il y a quelques temps, il y avait un résident qui voulait venir aux Jardins mais qui ne voulait pas toucher la terre. Il a fallu que je trouve des solutions pour qu’il puisse, à sa façon, faire partie du groupe, et qu’il soit actif dans le groupe mais sans toucher de terre. Pour certains, il avait aussi le besoin de soins à midi, donc l’institution a permis à une infirmière de venir. Nous ne l’avons donc pas privé de cet accueil, il voulait venir aux Jardins, nous avons trouvé des solutions.
Ce sont des personnes qui craignent le froid ou la chaleur car ils ne sont pas très mobiles. C’est pourquoi, je travaille aussi en partenariat avec les maraîchers, pour que je puisse, quand il fait froid, par exemple, proposer des activités à l’abri. Le chef-maraîcher des Jardins, Jean-François, garde toujours quelque chose pour ces situations-là.
Quand nous allons sur le terrain, nous avons des petits tabourets, pour ne pas être directement sur le sol. Ceux-ci permettent un confort de travail et aussi de remédier aux difficultés motrices : les positions accroupies sont rarement envisageables, car ils ont vraiment des problèmes de mobilité.
Les Jardins de Cocagne de Mâcon est, me semble-t-il, le seul à accueillir des adultes en situations de handicap.
Ce qui est important aussi, c’est que quand ils retournent au foyer, ils ont quelque chose à raconter. Certains sont en relation avec d’autres qui viennent le lendemain. Donc, ceux du lendemain posent des questions. Cela leur permet de se projeter. Chaque résident choisit une matinée ou un après-midi et vient chaque semaine le même jour. Cela permet de maintenir une certaine régularité, et, encore, une fois de structurer le temps. Pour eux, c’est rassurant, ça leur permet de se situer dans la semaine. Cela nous permet aussi d’avoir une discussion sur qui est là, qui n’est pas là. C’est aussi une manière de structurer le temps.
La vie au Foyer des Luminaires
Au foyer, il y a 5 services de 17-18 personnes et 1 service de 6 personnes. Les repas sont pris en commun. Ils sont, en grande majorité, en chambre individuelle depuis janvier 2017, car tout a été rénové. Le linge est géré et lavé par l’institution, il y a des infirmières. C’est aussi pour cela qu’il est important de s’ouvrir sur l’extérieur, car sinon, on peut vite s’enfermer. Il y a bien sûr des résidents qui ont moins le désir de l’extérieur.
Dans le foyer, il y a des gens avec des déficiences intellectuelles, d’autres avec des maladies mentales. Nous accueillons aussi des gens qui ont eu une vie en milieu ordinaire et qui sont rattrapés par la maladie psychique, par exemple. Dans ce cas-là, ce n’est pas le même accompagnement qui est fait.
Le foyer est mixte, mais on n’arrive pas à faire venir des femmes aux jardins de Cocagne. Il y en a une qui vient le mardi, mais c’est tout, car il y a une connotation de difficulté dans le maraîchage, et aussi, l’idée du froid, … C’est vraiment lié à l’image du maraîchage, car dans les mêmes activités de fleurissement ou de travail dans les serres faites au Foyer, il y a des femmes.
Chaque année, nous redéfinissons les activités. Les équipes interviewent chaque résident pour savoir quels sont leurs désirs, présenter les ateliers, faire de nouvelles propositions. Nous essayons de recueillir la parole de chacun quand c’est possible. Les résidents vont émettre des voeux pour s’inscrire sur telle ou telle activité. Nous essayons de faire en sorte que tout colle, mais tous les désirs ne sont pas couverts, bien sûr.
Il y a des activités différentes, poneys, cinéma, théâtre, aussi. Parfois, c’est compliqué, il y a les questions de budgets, d’horaires, … On gère par projet.
Les structures qui nous accueillent pour différents ateliers sont bien sûr bienveillantes. Elles sont un peu curieuses parce que c’est une population qui, quand on ne la connaît pas, peut sembler impressionnante. Ils font connaissance avec les résidents et cela déstigmatise le handicap. C’est intéressant et enrichissant. Et la richesse, elle est des 2 côtés parce que les personnes handicapées sont accueillies par ce milieu ordinaire et ce milieu ordinaire, qui sait que le handicap existe, mais qui ne le voit pas, découvre ce milieu qui se comporte différemment. Et c’est très riche.
Ce qui est riche, ce sont les échanges et cette possibilité d’enlever les barrières, ce cloisonnement. On est accueilli en milieu ouvert, c’est formidable. Et même pour les salariés des Jardins, c’est super riche de prendre en considération l’autre dans sa difficulté quand soi-même on est en difficulté. Je pense que pour eux aussi, vivre cela ça peut être important.