Que se passe-t-il en Avril dans les serres ? Comment se déroule le changement de saison et se préparent les légumes que nous dévorerons cet été ? Raphaëlle, responsable des serres, nous explique tout !

En ce moment, nous sommes sur la production de plants en prévision du marché de plants du 27 avril et pour l’ensemble des Jardins. Ça a déjà bien commencé.  Nous avons commencé les plants de poireaux, les oignons, ça c’est pour les cultures longues. Et puis après, il y a toutes les cultures pour le printemps, les salades, les navets, les blettes, le fenouil, du persil et, aussi, tous les semis de poivrons, tomates, aubergines qui ont commencé.

 

Les semis

Pour les tomates, aubergines et poivrons, le principe est de faire d’abord les semis en terrines, c’est-à-dire qu’on plante les graines dans un bac peu profond dans lequel on met un lit de terreau, et dans lequel on sème les graines à la volée. On fait germer les graines dans une chambre chaude à une température de 25° (pour les semis de tomates, poivrons et aubergines qui sont des plantes qui ont besoin de chaleur). Nous utilisons pour cela l’ancien frigo dans lequel nous faisons les endives en hiver et qui nous sert de germoir au printemps avec un chauffage que l’on peut régler pour obtenir la température désirée. La germination dure environ 5 jours (là aussi, cela dépend des variétés, les tomates sont plus rapides que les aubergines et les poivrons), et nous faisons de même pour la plupart des plants, salades ou fenouil, par exemple. Grâce aux étagères, on peut mettre en hauteur les plants qui ont besoin de chaleur et plus on descend et moins il y a de chaleur, ce qui permet de mettre en même temps des légumes qui ont besoin de chaleur avec des légumes qui ont moins besoin de chaleur.

Une fois que les graines ont germé, les tomates et les poivrons sont mises sur des nappes chauffantes dans la serre à plants. On met par dessus des voiles thermiques ou une bâche plastique, pour que cela garde la chaleur. On attend ensuite quelques jours jusqu’à ce que la plantule soit assez grande, c’est à dire qu’elle commence à faire une 3ème feuille, et on repique ensuite chaque plantule dans un godet. On les laisse encore quelques jours sur la nappe chauffante le temps que les racines s’installent bien. Cela dépend beaucoup du climat, s’il ne fait pas trop froid, s’il y a un bon ensoleillement, on les sort de la nappe chauffante pour qu’elles commencent à s’acclimater aux changements de températures entre le jour et la nuit.

Pour les autres légumes (laitues, fenouil, …), nous faisons un peu différemment car ils n’ont pas besoin de nappe chauffante. On les étale dans la serre à plants et s’il fait vraiment trop froid, nous plaçons un voile thermique au dessus et c’est tout. Bien sûr, on arrose très régulièrement.

 

La préparation du marché de plants

Pour le marché de plants du 27 avril 2018,  nous avons mis sur le site la liste des plantes et des fleurs que les adhérents vont pouvoir trouver. Mais pour vous faire une liste rapide, on trouvera, bien sûr, beaucoup d’aubergines, des poivrons, des tomates dans au moins une dizaine de variétés, ainsi que 4 variétés de tomates cerises, des courges, des concombres, des melons et des courgettes. Il y a aura donc aussi des fleurs et des herbes aromatiques dont du persil et de la ciboulette, et des bettes. Nous ne faisons pas de salades, ce sont vraiment des légumes d’été que nous avons préparé.

Quelques conseils pour bien réussir l’implantation des plants dans le potager : c’est important d’apporter un peu de fumure au sol. Donc, si on peut avoir un peu de fumier, c’est bien. Il faut aussi travailler son sol, évidemment. Les tomates, les poivrons et les aubergines apprécient qu’on mette une poignée d’orties fraîches au fond du trou qu’on recouvre d’un petit peu de terre. De cette façon, lorsque les racines vont aller chercher les nutriments dans le sol, elles trouveront des éléments minéraux grâce aux orties ce qui va les vivifier. Ensuite, il faut bien sûr arroser immédiatement et, si on le peut, pailler le sol pour retenir l’humidité. Ça évite aussi de devoir désherber et cela permet aux vers de terre de travailler le sol sans être trop à la chaleur l’été.

Souvent, on s’inquiète du froid qui peut encore arriver début mai, les fameux « saints de glace ». Si on a un petit abri, pas de soucis, mais sinon, certaines personnes utilisent des tuiles rondes, soit en recouvrement la nuit, soit en mettant 2 tuiles debout l’une contre l’autre en chapeau autour du plant de tomate ou d’aubergine. La tuile emmagasine la chaleur et la restitue pendant la nuit. Ce n’est bien sûr pas miraculeux, mais cela peut aider en cas de gelées nocturnes. On peut aussi mettre des voiles thermiques. Et, si la météo n’est vraiment pas bonne, on peut choisir d’attendre un peu avant de planter en gardant ses plants en pots, éventuellement dans un pot un peu plus grand. ou en les mettant sur un petit lit de terreau.

Un mot concernant le calendrier lunaire : c’est surtout au moment du semis de la graine que c’est important de tenir compte de la phase de la lune. Pour les plants, comme la graine a déjà été plantée, c’est moins important. Pour ma part, avant de venir aux Jardins, dans ma ferme, je faisais attention au calendrier lunaire. Pas pour tous les légumes, mais pour les légumes à cycle long, comme les tomates, les pommes de terre, les carottes, j’essayais de planter ou de semer un jour qui correspondait. Si vous avez un calendrier, c’est indiqué si c’est un jour fruit, racine ou feuille.

 

Les nouvelles serres et la culture de la tomate

Autre actualité dans les serres, la construction de nouvelles serres. Il nous en reste 3 à finir et nous en avons déjà terminé 3 autres. Il va y avoir des tomates dans ces nouvelles serres, donc on a un peu la pression de la terminer rapidement.

Si vous avez visité nos serres à tomates, vous avez peut-être constaté que les tomates grimpent autour d’un fil et non un piquet et vous vous êtes peut-être demandé pourquoi. C’est pour gagner en praticité. Nous avons tellement de pieds de tomates que mettre un piquet à chaque pied serait impossible. Nous avons donc un fil qui descend d’un grand câble qui va d’un bout à l’autre de la serre et que l’on attache au pied de tomate avec un clip. Ensuite, on fait grimper la tomate en l’enroulant autour du fil au fur et à mesure de la croissance de la plante.

Toujours à propos de la tomate, vous savez que l’on coupe les gourmands pour ne garder que les fruits qui poussent à partir de la tige principale. Cela permet d’avoir des fruits plus gros, mais aussi cela améliore la circulation de l’air autour de la plante. Sinon la tomate fait un buisson et l’air circule moins bien dans les feuilles. Comme la tomate est sensible au mildiou qui est un champignon qui se développe dans une atmosphère humide, cela permet de limiter le risque de propagation du mildiou.

Sous serre, on n’arrose pas par aspersion mais grâce à un goutte à goutte au pied de la plante. On a donc peu de risques d’avoir le mildiou par l’arrosage car, souvent, les spores de mildiou sont propagées par la pluie (les spores sont au sol et la pluie fait gicler les spores sur les feuilles). En jardin, quand la plante a déjà fait un beau feuillage, on peut couper les feuilles du bas, cela permet aussi de réduire le risque de mildiou.

 

Former les salariés en insertion

Je passe du temps avec les salariés en insertion, les jardiniers, pour leur transmettre ces connaissances. Ça commence dès le semis, je montre à chaque étape comment faire. Commencer dès le début, cela permet de se familiariser progressivement avec la culture. Certains y arrivent plus vite que d’autres, mais la difficulté principale, c’est de distinguer un gourmand d’une feuille. Au début, je suis très présente, je suis avec eux, pour leur montrer. Souvent, quand on le peut, ceux qui ont commencé une culture, le font jusqu’à la fin de la saison, cela permet de capitaliser les connaissances.

Certains salariés ont déjà des connaissances quand ils arrivent aux Jardins. Récemment, Marie-Louise, qui venait de Nouvelle-Calédonie, connaissait très bien la culture des tomates, et elle apprenait très vite. Elle était très autonome et savait quand les tomates ou les poivrons étaient prêts. Elle était formidable, vraiment super. J’en parle au passé puisque, aujourd’hui, elle est sortie des Jardins.

 

Produire nos propres graines

Puisque nous parlons des plants, un mot sur les graines. Nous achetons la majorité de nos graines. Néanmoins, pour les tomates, nous produisons une partie de nos propres graines parce que c’est facile à faire et qu’il y a peu de pertes en germination. La technique que j’utilise permet d’éliminer facilement les graines qui sont vides ou qui ne sont pas prêtes. Au lieu d’utiliser une passoire, je les fais tremper dans de l’eau. Les graines denses tombent au fond et restent à la surface, les graines vides qui flottent. Toutes nos variétés anciennes sont reproduites de cette façon. Le plus difficile, c’est de trouver le temps de le faire. On a toujours la possibilité d’acheter les semences, mais il y a aussi un plaisir à produire ses propres graines.

 

Le printemps est là

Sinon, actuellement, nous sommes en plein changement de saison. Les légumes d’hiver sont finis. On bascule sur la saison de printemps et d’été. Il y a un grand travail de préparation dans les serres. On va évacuer les cultures qui sont finies, préparer et planter les légumes de printemps : les radis, les oignons blancs, les carottes, les pommes de terre nouvelles. Pratiquement, toutes les cultures pour le printemps sont en place dans le serres. Et là, on va commencer à travailler le sol pour les cultures d’été : tomates, aubergines, poivrons.

Les radis sont déjà dans les paniers. Ensuite, ce sont les salades qui arrivent dans les paniers, puis c’est assez long car nous avons eu une fin d’hiver très pluvieuse ce qui nous a pénalisé pour travailler le sol, y compris dans les serres. Cela occasionne un certain retard pour certains semis comme les carottes et on ne sera pas en avance. C’est la même chose dans le plein champ qui a aussi pris du retard. D’habitude, fin mars, on a déjà des pois de semé, peut-être même des radis ou des plantations de salades qui auraient dû commencer et rien n’a été fait à cause de la pluie. On a donc eu un retard important cette année.

 

« En Avril, ne te découvre pas d’un fil »

Aujourd’hui, il pleut. Nous avions anticipé et nous nous sommes organisés en conséquence. Par exemple, aujourd’hui, nous faisons le tri des légumes en prévision du marché de demain.

Ensuite, nous avons des plantations à faire sous serres et nous allons en profiter pour faire les choses que nous n’avons pas le temps de faire, comme aller à la déchetterie ou faire des petits travaux à côté.

Sous serre, on arrive à jongler un peu entre 2 pluies, mais à cause du ruissellement, le sol est mouillé et on ne peut pas passer le tracteur car sinon il ferait des ornières trop profondes. Sous serre, s’il ne pleut pas pendant 3 jours, on peut intervenir et rattraper le temps perdu, ce qui m’a permis de tenir le planning de cultures, à part les carottes qui ont été un peu plus tardives.

Voilà pour ce début d’année et de saison…

 

Raphaëlle,
maraîchère, responsable des serres