Interview de Jean François CERMELLI

Interview de Jean François CERMELLI, notre chef encadrant maraicher avec Christian MARITORENA, bénévole des Jardins depuis plusieurs années, que nous remercions pour son investissement et son aide apportée tant aux salariés en insertion qu’aux salariés permanents.

Pour commencer ce petit bilan de l’année 2019, je voudrais parler de notre équipe et des salariés en insertion, notamment.

Récemment, les salariés en insertion ont participé à la formation Gestes et Postures, une formation que nous faisons tous les ans. Y participent tous les salariés qui ne l’ont pas déjà faites par groupes de 10 personnes. Elle est organisée par un organisme extérieur et dure une journée complète par un formateur spécialisé en gestes et postures. Les formateurs viennent régulièrement faire cette formation aux Jardins ce qui leur permet de connaître nos problématiques, nos contraintes et nos besoins. Le matin a lieu un cours plutôt théorique et l’après-midi se déroule sur le terrain avec les jardiniers. Les formateurs peuvent ainsi corriger et améliorer les gestes de travail. Elle permet de faire un tour d’horizon sur les gestes de base : porter une caisse, comment se baisser pour ramasser quelque chose, plier les jambes, et ainsi éviter le mal de dos et apprendre à s’économiser. La formation s’adapte aussi à la réalité du terrain et évolue dans le temps. On insiste aujourd’hui beaucoup plus sur l’alternance des gestes pour un meilleur équilibre dans le corps.

En ce moment, nous travaillons avec 34 salariés en insertion ce qui est un nombre important. Il y a eu un gros effort de recrutement ces derniers mois. Une chose à laquelle nous veillons dans les recrutements, c’est l’équilibre homme/femme. Nous avons actuellement 47% de femmes dans l’équipe ce qui est une bonne chose. Evidemment, cela évolue sans arrêt du fait des arrivées et des départs mais un salarié qui part avec un emploi au bout, c’est aussi notre objectif en plus de produire des légumes.

Parmi les autres formations prévues, il y a une formation en Gestes de premier secours qui concernera 20 salariés en 2 sessions. C’est aussi une formation que nous organisons tous les ans. Elle peut servir dans la vie de tous les jours. Parmi les projets pour l’an prochain, il y a une formation Secouriste du travail qui s’adressera aussi à une vingtaine de salariés. Il y aura une formation PRAP (Prévention des Risques liés à l’Activité Physique) de 2 jours et qui préparera des salariés à être formateur en Gestes et Postures sur leur lieu de travail. Ces formations sont à équilibrer avec l’activité quotidienne afin de produire nos légumes dans de bonnes conditions quel que soit l’effectif des salariés présents.

En effet, nous produisons chaque semaine environ de 500 paniers et il est difficile pour l’instant d’en faire plus. Il faut ajouter à cela les légumes que nous fournissons aux professionnels qui, même si cela ne représente pas un volume très important, demande un suivi et une autre façon de travailler. C’est un métier un peu différent, notamment sur la préparation des commandes et qui nécessiterait de pouvoir livrer, par exemple. Ce service aux professionnels permettrait de développer des compétences spécifiques et plus poussées pour les salariés en insertion mais cela impliquerait de pouvoir dédier un maraîcher-encadrant à la phase de préparation des commandes et au suivi, ce que nous ne pouvons pas faire avec l’effectif actuel. Cependant, la demande existe, notamment chez les restaurateurs et nous la suivons avec beaucoup d’attention.

Si on regarde du côté des légumes, cette année, nous avons moins de patates douces que l’année dernière, environ moitié moins. Cela s’explique, malheureusement, par un changement de notre méthode de culture qui nous a été conseillé. Notre objectif était de produire des patates douces un peu moins grosses. Pour cela, nous avons cultivé la moitié de la surface mais en doublant le nombre de rangs. L’an dernier, nous plantions tous les 50 cm sur 1 rang sur une largeur de 1,20 m. Cette année, nous avons fait 2 rangs sur 1,20m. Cela a bien eu pour effet de réduire la taille des légumes mais au détriment aussi de la productivité ! L’an prochain, on tentera une approche combinée pour avoir des légumes bien calibrés qui seront plutôt destinés aux paniers et des légumes plus petits pour les marchés.

En ce début d’année, nous avons eu des endives, mais nous avons une réserve sur la quantité que nous serons capables de produire car nous manquons de contenants dans lesquels cultiver les endives. Sinon, nos adhérents ont pu trouver nos légumes d’hiver habituels : panais, choux et les classiques pommes de terre, carottes, poireaux, céleri, betteraves rouges, cardons. Il y aura encore des épinards que nous cultivons sous serre. Si tout va bien, vers mars-avril, nous aurons des petits pois mangetout qui sont en train de grandir, les carottes de printemps. En janvier, nous avons aussi planté les oignons blancs.

Parmi les améliorations que nous avons apporter cette année, grâce notamment à Marine, notre maraîchère-encadrante responsable du plein champ, il y a l’augmentation de notre production de purin et décoctions pour les traitements. C’est un point très positif car cela fonctionne bien et cela nous permet de réduire très fortement le nombre de produits phytosanitaires bio. Nous allons aussi planter les allées avec des arbustes dont l’objectif sera à la fois de protéger les cultures (du vent et de la chaleur) mais aussi d’attirer les insectes. Cela demandera aussi moins de travail d’entretien que les bandes fleuries que nous avons mises cette année. Autre nouveauté, nous avons mis en place, toujours grâce à Marine, des abris pour les hérissons qui ont très bien fonctionnés au point que nous allons créer des petites mares pour qu’ils puissent boire.

Nous allons aussi mettre des petites mares à proximité des serres pour les oiseaux, afin d’éviter qu’ils aillent picorer les légumes, les tomates, notamment. Avec Stéphane, le maraîcher-encadrant responsable des serres, la vente de plants aux particuliers et aux professionnels s’est encore développée. Une 2ème serre à plants est en cours d’installation pour aller plus loin dans cette direction pour les amateurs et les professionnels. Nous avons déjà eu des demandes pour le mois de janvier. Et le marché aux plants que nous organisons le 24 avril est en augmentation, années après années. D’une manière générale, nous avons, avec Stéphane, des serres très productives et nous avons augmenté la rotation de notre production. Nous avons aussi été très productifs cet été avec les melons et nous comptons bien recommencer l’année prochaine en commençant suffisamment tôt pour en avoir dès juillet. Stéphane a prévu une formation sur les kiwis et les framboisiers qui devrait être utile pour notre production de fruits, mais ne comptez pas sur les framboises car il fait trop chaud dans nos régions pour que cela soit possible dans de bonnes conditions. Il faudrait avoir de l’ombre et arroser beaucoup.

D’une manière générale, les conditions de travail des salariés s’améliorent. Nous allons, par exemple, avoir bientôt un 3ème tracteur qui nous sera très utile à certaines périodes. Nous aurons aussi un nouveau camion avec 9 places qui nous permettra de transporter les salariés quand nous allons travailler dans les vignes et pour aller sur les marchés. Nous allons aussi recevoir un épandeur à fumier. Cela nous permettra de diminuer les engrais en bouchons au profit du fumier. Même s’il va être difficile d’en trouver en bio, nous ferons les démarches nécessaires et nous estimons qu’il est préférable d’en utiliser. Nos besoins sont de 150 tonnes par an, ce qui est une quantité importante, et cela nous permettra d’en mettre dans le plein champ qui n’en a jamais eu. Par ailleurs, nous n’avons pas pu mettre les engrais verts à la fin de l’automne comme prévu à cause de la pluie, mais nous prévoyons de le faire en mars.

En résumé, nous avons eu une année 2019 encore très faste du point de vue de la production qui a permis d’alimenter les paniers de plus en plus nombreux et des nous avons pleins de projets pour l’an prochain qui nous permettront de travailler dans de bonnes conditions et de sécuriser la production.